jeudi 31 mars 2016

Le caméléon et les fourmis blanches

d'Emmanuel Bourdier
paru en 2015, aux éditions la Joie de Lire

Résumé : Casimir, un professeur un peu cabossé, les yeux braqués dans le rétroviseur, considérant sa vie comme une impasse, se remet difficilement d’une rupture amoureuse. Dans sa classe, un élève, Issa Doucouré, jeune Malien sans papiers, l’exaspère un peu plus que les autres. Dévoreur de livres et assoiffé d’avenir, il ment, sèche les cours et veut se faire passer pour plus inculte qu’il n’est… Casimir et Issa se côtoient par la force des choses mais bientôt ils devront vraiment apprendre à vivre l’un avec l’autre…

Un roman à deux voix pour deux visions d’un même monde. Un monde où le mot fraternité prend doucement la poussière.

 
Mon avis : Un très beau roman, plein d'humanité ! Casimir est prof dans une classe de CE2, on suit ses angoisses et questionnements face à la classe, aux collègues et à son amour perdu... Issa est élève dans la classe de Casimir, sans papiers, il s'occupe seul du ménage et de la cuisine chez lui, depuis que sa sœur est partie...
Emmanuel Bourdier traite parfaitement la question des sans papiers, qui se retrouvent la peur au ventre à la vue d'un policier, et surtout du racisme envers les noirs, avec quelques scènes incroyables.
L'alternance de point de vue entre Casimir et Issa dynamise le récit, on ne s'ennuie jamais. C'est un roman très drôle, on y retrouve beaucoup de références musicales sur les Rolling Stones ou autres Beatles...

Vraiment une belle histoire qui plaira aux ados mais aussi aux adultes !!!! 

mardi 29 mars 2016

Le café des colonies


 de Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice, 
one-shot paru en 2010, aux Editions Petit à Petit. 



Résumé : Connu dans tout le pays pour accepter de faire les besognes les plus crades, le père Boitelle termine ce jour là de vider la fausse à purin du notaire. Tandis qu’il attend de recevoir sa piécette dans le hall de la demeure bourgeoise, il remarque alors un buste africain et s’y intéresse de près. D’humeur curieuse et reconnaissante, le notaire est titillé par cet étrange intérêt. Il invite l’homme de bonne volonté à partager un verre de calva et à lui raconter sa jeunesse. Car avant d’être un paysan bourru, Antoine Boitelle avait jadis été soldat dans la ville du Havre. Il était alors tombé en pâmoison devant la serveuse d’un bar se tenant face aux quais, le Café des colonies. La jeune femme était une noire, d’une grande beauté. Elle était lettrée, vivait à l’occidentale et semblait elle aussi émue par le regard du jeune homme. Bref, une belle et pure idylle était en train de naître. Au point qu’Antoine désirait la marier. Pour autant, le jeune homme n’aurait jamais rien fait sans le consentement de ses parents. Il s’en alla donc parler de ses désirs d’union à ses vieux, des paysans qui ne savaient même pas qu’il put exister des gens de couleur noire… 


Mon avis : Ce one-shot est l'adaptation de la nouvelle “Boitelle” de Guy de Maupassant. L'histoire illustre la racisme quotidien dont ont été victimes les personnes de couleur lors de la fin de l'esclavage. L'idylle entre un homme blanc et une jeune femme noire sert de toile de fond au récit. Malheureusement, les nombreux préjugés de l'époque sur les “nègres”, considérés comme des bêtes de zoo, auront raison de leur amour.


Cette BD livre ici une histoire pleine de tendresse et d'humanité avec un récit simple mais efficace. Aucune morale est apportée à l'histoire, juste le récit d'un amour impossible. Les dessins apportent une grande douceur au récit et participent à l'attachement du lecteur aux différents personnages. Une belle découverte !

Ne plus se taire

de Véronique Olivier-Barberon,
paru en 2016, chez Oskar Editions.


Résumé : Lucie Bourdeau, adolescente en pleine crise et en conflit permanent avec son père, fait la connaissance de sa vieille voisine, Hortense Granet. Lucie ne sait pas encore que cette rencontre va bouleverser sa vie. Hortense l'invite à rentrer chez elle. La jeune fille découvre alors un sous-verre contenant un morceau de tissu avec un numéro. Curieuse, elle interroge Hortense qui ne se sent pas prête à lui répondre. Quel est donc son secret ?

 
"Une semaine s'était écoulée sans que Lucie trouve une minute à consacrer à Hortense. La faute en revenait essentiellement aux professeurs, qui les avaient ensevelis sous les contrôles. Tous malades, tous tarés ! fulminait Lucie en contemplant les cinq chapitres de physique à revoir pour son contrôle du lendemain. Il lui fallait gâcher ses plus belles années en apprenant toutes sortes de choses ennuyeuses."


Mon avis : Je suis un peu déçue par ce roman... L'histoire commençait bien avec la rencontre entre Lucie et Hortense. La découverte d'un bout de tissu avec un chiffre cousu dessus nous plonge dans la jeunesse de la vieille dame. On apprend qu'elle été résistante  pendant la seconde guerre mondiale, avec son frère... 
La deuxième partie du roman m'a énormément déplu... On suit d'avantage Lucie en pleine crise d'adolescence, qui a un sacré caractère, qui ne s'entend plus avec son père, qui est incapable de comprendre le refus d'Hortense quant à une intervention dans sa classe, bref une ado dans toute sa splendeur !

dimanche 27 mars 2016

Bouche cousue

de Marion Muller-Collard,
paru en 2016 au éditions Gallimard Jeunesse


Bouche cousue par Muller-Colard
Résumé : Dans la famille d'Amandana, la propreté irréprochable n'est pas qu'un métier. C'est un mode de vie. Rien qui dépasse. Dans le Lavomatique tenu par ses parents, le bruit des machines couvre celui des élans du cœur et du corps.  Mais comment faire taire son attirance pour une de ses camarades de lycée ? 

Un roman intimiste d'une très grande finesse psychologique, magnifiquement écrit, plein de pudeur et d'émotions.  

"Moi, à quinze ans, je n'avais pas de rêves. Il se passait juste dans mon ventre des choses incroyables qui me rappelaient la mer, l'iode et les vagues - lorsqu'on allait l'été chez ma grand-mère maternelle, à Rimini, au bord de l'Adriatique. ça se passait dans mon ventre et sous les draps, mais ça n'était pas des rêves et personne ne parlait de ce qui se passait sous les draps. Le lit de mes parents, je ne l'ai jamais vu défait."

Mon avis : Ce très court roman de Marion Muller-Collard nous parle d'Amandana et de la découverte de son homosexualité lorsqu'elle avait 15 ans. Elle choisit d'en parler pour son neveu, lui-même âgé de 15 ans aujourd'hui. En effet, au détour d'un repas de famille, on apprend que le jeune homme est lui aussi homosexuel. La nouvelle ne passe pas du tout dans cette famille très croyante qui a déjà vécu une situation similaire quelques années auparavant... 
L'homosexualité féminine est très rarement traitée dans les romans ados. Marion Muller-Collard illustre parfaitement le sujet avec cette famille lisse, croyante, qui ne veut pas faire de vague, des ados bêtes et méchants, et Amandana qui ne comprend pas ce qui lui arrive... 

Juste avant le bonheur

d'Agnès Ledig,
paru en 2013 aux Editions Albin Michel.


Résumé : Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fée. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d’une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui tendre la main. Emu par leur situation, un homme généreux les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. La chance serait-elle enfin en train de tourner pour Julie ?
Agnès Ledig, auteur de Marie d’en haut, Coup de cœur du grand prix des lectrices de Femme Actuelle, possède un talent singulier : celui de mêler aux épisodes les plus dramatiques de l’existence optimisme, humour et tendresse. Dans ce roman où l’émotion est présente à chaque page, elle nous fait passer avec une énergie communicative des larmes au rire, elle nous réconcilie avec la vie.

Juste avant le bonheur fait partie de ces (trop) rares livres qu’on a envie de rouvrir à peine refermés, tout simplement parce qu’ils font du bien !


"Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas à atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout à bout, permettent de tenir la distance."


Mon avis : Juste avant le bonheur est le premier roman que je lis d'Agnès Ledig et ne sera certainement pas le dernier ! Nous suivons ici la vie de Julie jeune mère célibataire, abandonnée par sa famille dès l'annonce de sa grossesse, qui se bat tous les jours pour subvenir aux besoins de son petit Lulu. La rencontre avec Paul puis avec Jérôme eux aussi écorchés par la vie, va redonner espoir en des jours meilleurs à Julie.Une merveilleuse rencontre qui va les emmener en Bretagne, le temps d'une belle parenthèse. Le calme avant la tempête... 
Juste avant le bonheur est encore un roman dont on ne sort pas vraiment indemne. On pleure un peu (beaucoup) pendant la lecture mais on arrive aussi à sourire. L'histoire de Julie peut arriver à n'importe qui, une vie pas facile à gérer, de belles rencontres, un drame, et la reconstruction qui prend du temps. 


"Quand on vit un grand malheur dans sa vie, on a l'impression que le regard des autres ne nous autorise pas à être joyeux, alors que tout au fond de soi, on sent que c'est cela qui permet de se maintenir en vie."


Une très belle découverte que je recommande vivement !!! 

Ce roman a reçu le Prix Maison de la Presse en 2013. 

vendredi 25 mars 2016

L'ambulance 13

De Patrick Cothias, Patrice Ordas et Alain Mounier,
série parue aux éditions Angles.
A ce jour, 6 tomes sont sortis.
Résumé : Chirurgien, il affirme le pouvoir de la vie dans l'enfer des tranchées.
Il s'appelle Louis-Charles Bouteloup. Fraichement diplômé de la faculté de médecine, il se retrouve en première ligne, à Fleury, en janvier 1916.
Il commande une ambulance hippomobile, surnommée l'As de Pique parce qu'elle est connue aussi bien pour le courage de ses infirmiers, que pour leur manque de soumission au Règlement.
Bouteloup est un nom qui compte en politique, car le baron Horace, père de Louis, est député, lieutenant-colonel et proche du général Pétain. Cette relation privilégiée, loin de le protéger, fera du jeune officier une cible désignée pour les ennemis de l’élu, entre autres le redoutable Georges Clemenceau. Néanmoins, Louis accomplira la tâche épouvantable que la guerre lui impose, en essayant de préserver un humanisme auquel il est attaché jusqu’à la rébellion…
Mon avis : Superbe BD qui traite la guerre d'une autre manière. En suivant l'ambulance hippomobile depuis les troisièmes lignes, parfois même en première ligne, les scénaristes nous montrent l'horreur de la guerre pour les infirmières et les médecins. A la sortie de l'école, Louis demande à partir au front pour soigner les blessés. Les privilèges dus au rang de son père auraient pu l'épargner, mais la relation conflictuelle qu'il a avec celui-ci, favorise un peu plus son départ. Horace Bouteloup, alors député, disait que les balles ne tuaient personnes, elles servaient juste à repousser l'ennemi. Arrivé sur le champ de bataille, Louis n'en croit pas ses yeux : l'horreur est partout. Il doit remplacer un jeune médecin, apprécié par tous, tué par un éclat d'obus. 
Louis arrive petit à petit à nouer des liens d'amitié avec ses coéquipiers ; cependant, les gradés lui font la vie dure. Le rang d'Horace n'aide pas le jeune chirurgien qui est plusieurs fois inquiété pour différentes raisons. Des analepses permettent de mieux connaître les personnages avant la guerre. Ainsi, nous pouvons voir que les sentiments de Louis sont partagés entre Isabelle et Emilie…
La série signée Patrick Cothias et Patrice Ordas, est divisée en cycles, chacun regroupant deux tomes.

La série existe aussi en roman sous le même titre, signée par les mêmes auteurs.  

mercredi 23 mars 2016

Les souvenirs de Mamette

de Nob, aux éditions Glénat, début de la série en 2009 
A ce jour 3 tomes sont sortis.

Résumé : Mamette n'a pas toujours eu 80 ans ! Avant d'être la grand-mère gentille et souriante que tout le monde aimerait avoir dans sa famille, elle a été une petite fille, avec un sacré caractère ! C'était il n'y a pas si longtemps, et pourtant? c'était dans un monde où il n'y avait ni téléphone portable, ni Internet, où l'on écoutait les feuilletons à la radio et où l'on récitait des leçons de morale à l'école ! La préhistoire ! Une époque difficile pour la jeune Marinette que sa mère confie à ses grands-parents, dans la ferme familiale, à la campagne. Entre les moissons d'été et l'élevage des chèvres, elle va se faire de nouveaux amis et rencontrer le futur grand amour de sa vie. Autour d'eux, même si on va bientôt profiter des premiers congés payés, une guerre se prépare...

 

Mon avis : Cette série BD destinée d'abord aux enfants peut très bien être lue par des adultes, on y retrouve des références et des allusions que seuls les plus grands pourront comprendre. On suit la vie de Marinette aujourd'hui une vieille dame qui se souvient de sa jeunesse. Elle est dans un premier temps placée chez ses grands-parents à la campagne alors que ses parents sont en train de se séparer. Jeune fille de la ville, elle découvre alors un autre monde, d'autres mentalités, une autre vie. Une très belle série pour les jeunes et les moins jeunes !


Complètement cramé !

De Gilles Legardinier, paru en 2012,
aux éditions Fleuve Noir


Résumé : Arrivé à un âge où presque tous ceux qu’il aimait sont loin ou disparus, Andrew Blake n’a même plus le cœur à orchestrer ses blagues légendaires avec son vieux complice, Richard. Sur un coup de tête, il décide de quitter la direction de sa petite entreprise anglaise pour se faire engager comme majordome en France, pays où il avait rencontré sa femme. Là-bas, personne ne sait qui il est vraiment, et cela lui va très bien.
Mais en débarquant au domaine de Beauvillier, rien ne se passe comme prévu… Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps ; Odile, la cuisinière et son caractère aussi explosif que ses petits secrets ; Manon, jeune femme de ménage perdue ; Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, et même l’impressionnant Méphisto, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui croyait sa vie derrière lui va être obligé de tout recommencer…
"Les hommes fonctionnent à peu près tous de manière identique. Nous avons beau paraitre très différent et avoir des vies qui ne se ressemblent pas, ce sont les mêmes moteurs qui nous animent.
Nous passons notre vie à gérer nos envies, au mieux nos devoirs, en fonction de nos moyens.
Pour vous, les filles, c'est différent. Contrairement à nous, vous n'agissez jamais pour vous-mêmes. Votre vie n'est pas gouvernée par ce que vous voulez ou ce que vous pouvez, mais en fonction de ceux que vous aimez.
Nous faisons toujours les choses dans un but, vous les accomplissez toujours pour quelqu'un."


Mon avis : J'ai bien aimé ce roman qui se lit vite. Les différents personnages qui se retrouvent dans ce manoir vont se lier d'amitié, chacun cherchant à se reconstruire ou oublier quelque chose. Andrew va permettre aux différents personnages de se parler, de s'apprivoiser, eux qui se croisaient sans se voir. Une bonne dose d'humour et quelques tableaux délirants nous font sourire tout au long du livre !

Entre ciel et terre


De Golo Zhao, série parue en 2014,
aux éditions Cambourakis
Afficher l'image d'origine
Résumé : À la mort de sa mère, la petite XiaoBa est confiée à sa grand-mère, mais, inconsolable, elle n’a de cesse de rejoindre celle qui l’a mise au monde et qui vit aujourd’hui parmi les étoiles. Lorsqu’elle atteint enfin son but commence pour son ami Ming une longue et périlleuse quête au cours de laquelle il croisera la route d’un taoïste aux prédictions inquiétantes, aidera une princesse persécutée à l’apparence de sangsue dans sa tentative de sauver son peuple des démons et tentera d’échapper aux griffes d’un officier de police qui le soupçonne d’avoir enlevé XiaoBa. Personnages hauts en couleur, aventures rocambolesques et éléments de la mythologie chinoise sont convoqués dans ce manhua illustré et scénarisé par le dessinateur de La Balade de Yaya pour nous plonger au cœur de l’imaginaire et des légendes de la Chine ancienne.
Afficher l'image d'origine

Mon avis : On retrouve dans cette BD, l'univers de Golo Zhao, dessinateur de la Balade de Yaya. Il nous raconte ici l'histoire d'une jeune orpheline, méprisée par les gens du village qui la considère comme une sorcière qui porte malheur autour d'elle. Le récit est plein de mystère, de créatures fantastiques que Ming va rencontrer. Le dessin est très beau, tout en noir et blanc avec très peu de texte.
L'univers de Miyazaki est palpable dans cette BD avec la princesse "sangsue" notamment.
J'attends avec impatience de pouvoir lire le tome 2 !
Afficher l'image d'origine

dimanche 20 mars 2016

Mona

De Séverine Vidal et Mathieu Bertrand, 
paru aux Editions les Enfants Rouges en 2014




Résumé : A l'occasion de l'enterrement de sa grand-mère Suzanne à laquelle elle était très attachée, Mona revient à Saint-Malo.

Plus jeune, elle y a passé toutes ses vacances, aux côtés de Gaël, son amour d'enfance. Il l'a quittée, elle a beaucoup souffert. Ils se revoient après des mois sans nouvelles.

Soutenir son père, trier les affaires, renouer avec Gaël, pleurer, se souvenir, grandir, digérer la révélation de l'homosexualité de Gaël : voilà le programme chargé de l'été des 16 ans de Mona.

Journal de Mona

" Ça sera sûrement pas les grandes marées, je serai loin des tempêtes, mais au moins, ça sera doux. Je me trouverai un copain qui ne change pas d'avis, et accessoirement d'amoureuse, tous les deux mois. Un type solide et droit dans ses bottes de pluie. Un amour calme. Un truc qui ne déborde pas. Un ruisseau. Voilà les deux gros projets que j'ai pour l'année qui vient : trouver un ruisseau et finir d'oublier Gaël.


" Comme d’habitude, je ne suis pas assez couverte ; j’en tremble tellement j’ai rien sur le dos. J’ai mis un petit pull de rien. Elle aurait dit : « tu vas attraper la mort ».

Moi, j’aurais haussé les épaules et voilà. Trop tard, maintenant elle est morte. J’en tremble tellement elle est morte ".

Mon avis : Encore une belle découverte issue de la maison d'Editions les Enfants Rouges. Mona est l'adaptation BD du roman de Séverine Vidal Les p'tites marées. Les dessins de Mathieu Bertrand nous emmènent directement en Bretagne où Mona vient enterrer sa grand-mère. Elle y retrouve Gaël, son ami d'enfance dont elle est amoureuse... 

J'ai beaucoup aimé cette BD qui nous plonge dans les tracas adolescents, la quête d'identité, le deuil, les querelles familiales... 

Sélection Prix des bulles de Marseille 2016
Sélection festival Aurillac 2016
Sélection Grand Prix des Lecteurs MAXOE
Pré-sélection Prix des lycéens de la région PACA 

Sélectionnée au Festival d'Alger 2015
Catégorie jeunesse



Rien ne s'oppose à la nuit

De Delphine de Vigan, aux éditions JC Lattès, paru en 2011

Résumé : « La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. 

La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. 

Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » 


Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.


"L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire."


Mon avis : Je viens de finir de lire Rien ne s'oppose à la nuit et j'en suis chamboulée, perdue dans la vie de Delphine de Vigan, dans les souvenirs qu'elle a de sa mère et du besoin de comprendre la maladie, le viol, le suicide... L'auteure nous fait partager ici la vie de Lucile en trois étapes : son enfance, les débuts de sa bipolarité et l'origine de ce mal et enfin la reconstruction avant l'ultime drame. 
Avec ce roman Delphine de Vigan tente de comprendre les nombreux maux de sa mère, personnage torturé que la vie n'a pas épargnée. La vie de Lucile avait pourtant très bien commencé au milieu d'une fratrie nombreuse et de parents aimant bien qu'un peu distant. Mais la mort accidentelle d'un de ses frères va remettre en question le modèle familial. La naissance de Tom, petit dernier de la fratrie, trisomique, viendra apporter de nouveau de la joie dans ce foyer éprouvé. Cependant une série d'événements va finir par détruire Lucile et son entourage : une triste série de suicides dans la famille, le viol qu'elle a subi par son propre père qui va déclencher sa bipolarité et tout ce qui va en découler, la drogue, les hôpitaux psychiatriques, les nombreux amants instables, ...

 
"Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la psychogénéalogie ni aux phénomènes de répétition transmis d'une génération à une autre qui passionnent certains de mes amis. J'ignore comment ces choses (l'inceste, les enfants morts, le suicide, la folie) se transmettent.
Le fait est qu'elles traversent les familles de part en part, comme d'impitoyables malédictions, laissent des empreintes qui résistent au temps et au déni."


C'est un roman que je voulais absolument découvrir, il a reçu le Prix Renaudot des lycéens 2011, le Prix roman France télévision 2011 et le Grand Prix des lectrices de Elle 2012. 

C'est une auteure qui m'intrigue que je vais continuer de lire. 

vendredi 18 mars 2016

La balade de Yaya


de Jean-Marie Omont et Golo Zhao, aux Editions Feï, 
paru en 2011. A ce jour, la série compte 9 tomes
 
image
Résumé : Chine 1937
Les Japonais entrent dans Shanghai et poussent à l'exode des milliers de Chinois et d'Occidentaux retranchés dans les concessions. Au cœur de ce chaos déclenché par les combats, deux enfants vont se lier d'amitié, alors que tout semblait les séparer : Yaya est la fille d'un riche commerçant chinois, et Tuduo est un gamin des rues.
image

Mon avis : La Balade de Yaya fait partie de ces BD qui peuvent aussi bien être lues par des enfants que par des adultes. Le point de vue du lecteur change en fonction de son âge. Les enfants y verront d'abord l'histoire de Yaya, une petite fille qui désobéit à ses parents et qui va tout faire pour les retrouver avec son nouvel ami, Tuduo. Ensemble, ils devront faire face à l'horrible Zhu. Les adultes y verront plutôt l'histoire d'une petite fille seule et perdue face à la cruauté des hommes et à l'invasion de la Chine par les Japonais, avec beaucoup d'éléments historiques, mais aussi le travail des enfants dans les quartiers populaires.
image
La Balade de Yaya a été dessinée par Golo Zhao, qui, par un trait simple mais précis, arrive a nous emmener dans cette superbe histoire. La série a paru dans un format à l'italienne, plus pratique pour les jeunes lecteurs, mais a aussi été rééditée sous forme d'intégrale, regroupant à chaque fois trois tomes. L'histoire simple signée Jean-Marie Omont nous entraîne dans une époque difficile, souvent méconnue, une Chine occupée dans laquelle deux enfants vivent une aventure pleine de rebondissements.
image

Un grand coup de cœur pour cette série que je lie et relie au fur et à mesure de la sortie des nouveaux tomes !!! 
La grande question : y aura-t-il un dixième tome ???

La tristesse de l'Eléphant

de Nicolas Antona et Nina Jacqmin, one-shot paru en 2016 
aux Editions les Enfants Rouges


Résumé : L'histoire se passe en France au début des années 60. Elle met en scène Louis, un jeune homme un peu rondouillard, pas le style de garçon qui plait aux femmes. Orphelin, il grandira jusqu'à sa majorité dans un orphelinat, élevé par les frères jésuites. Son embonpoint naturel et ses problèmes de vue ne plaident pas en sa faveur lors de l’adoption, il verra ses camarades partir les uns après les autres. De toute façon, il n’a pas vraiment d’amis, Louis est le souffre-douleur de tous.
Les seuls bons moments que connait Louis, sont ceux qu'il passe dans le cirque Marcos qui vient planter son chapiteau dans un terrain vague de la ville. Là, tout s'illumine en lui, il sourit, il s'égaie et puis il y Clara, la dompteuse d'éléphants. Clara, magnifique, qui au gré des retours du cirque dans la ville devient sa confidente, son amie, son amante...
Clara s’éprend de Louis et quittera sa famille et son cirque pour vivre avec lui.
Ils connaîtront des jours heureux et insouciants....

Mon avis : Un ÉNORME coup de cœur, une BD qui m'a fait pleurer, un chef d'oeuvre !!! L'histoire, les dessins, les couleurs, tout est superbe dans cette BD. 

On suit ici la vie de Louis jeune orphelin, souffre-douleur des autres enfants de l'orphelinat. Personne ne veut l'adopter à cause de son physique imparfait. Louis découvre un jour le cirque qui lui redonnera espoir et  le goût de vivre. C'est là qu'il rencontre Clara qui bouleversera sa vie...

La maison d'Edition les Enfants Rouges réalise un magnifique travail qui mérite d'être d'avantage connu. 

Je n'ajouterais rien de plus sur cette BD tellement elle m'a bluffé, si ce n'est : courrez découvrir ce chef d'œuvre !!! 



Au revoir là-haut

de Pierre Lemaître et Christian de Metter, 
one-shot paru en 2015, aux éditions Rue de Sèvre





Résumé : 1919. Au sortir de la guerre, la société française peine à ménager une place aux anciens poilus devenus encombrants, et les trafics les moins glorieux vont bon train. Albert Maillard, modeste comptable qui a sauvé la vie d’Édouard Péricourt, jeune fils de bonne famille, juste avant la fin des combats, tente de les faire vivre de retour à Paris. Édouard, défiguré, refuse de reprendre contact avec les siens et imagine une gigantesque arnaque à la nation pour tenter de se projeter dans une vie nouvelle, ailleurs.






Mon avis : J'ai été un peu déçue par l'adaptation BD d'Au revoir là-haut. La roman est tellement fort et puissant qu'il est difficile de faire mieux ! On retrouve pourtant bien l'histoire originale mais elle est à mon goût traitée trop rapidement . Mais bon vu la densité du récit de départ ! Il aurait peut-être fallu plusieurs tomes pour creuser d'avantages les relations entre les personnages. J'ai réussi à suivre le récit de la BD en partie parce que j'avais lu le roman avant. Il manque peut-être un peu de texte, de dialogue ou d'explications à certains moments. Les dessins sont cependant magnifiques. Christian de Metter a su retracer cette superbe histoire avec les dessins qu'il fallait. Ces derniers collent totalement à l'ambiance du livre. 


Certes un peu déçue de la rapidité du récit mais ravie d'avoir découvert les dessins de Christian De Metter. 
Je recommande quand même de lire le roman (un chef d'oeuvre!) avant la BD. 

jeudi 17 mars 2016

Oscar et la dame rose

d'Eric Emmanuel Schmitt, aux éditions Albin Michel, paru en 2002.


Résumé : Voici les lettres adressées à Dieu par un enfant de dix ans. Elles ont été retrouvées par Mamie Rose, la "Dame Rose" qui vient lui rendre visite à l'hôpital pour enfants. Elles décrivent douze jours de la vie d'Oscar, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants.
Ces douze jours seront peut-être les douze derniers. Mais, grâce à Mamie Rose qui noue avec Oscar un très fort lien d'amour, ces douze jours deviendront légende


Mon avis : Ce roman se lit très vite, il ne fait que 99 pages. On y suit le jeune Oscar atteint d'une leucémie à l'âge de dix ans. Il vit dans un hôpital pour enfants où il a quelques amis malades eux aussi. Ses parents habitent trop loin et viennent le voir seulement le weekend. Il se lie alors d'amitié avec "Mamie Rose" qui lui conseille d'écrire à Dieu pour lui dire tout se qu'il a sur le cœur et qu'il ne peut pas dire aux adultes.


"J'ai l'impression, Mamie-Rose, qu'on a inventé un autre hôpital que celui qui existe vraiment. On fait comme si on ne venait à l'hôpital que pour guérir. Alors qu'on y vient aussi pour mourir."


Sans être un coup de cœur ce roman reste une belle découverte et une belle leçon de vie.

Opium

de Laure Garancher, paru en 2014, aux Editions Fei


Ma fille, tu as bientôt vingt ans
et tu maîtrise tous les aspects
de la politique chinoise et britannique.
Il est temps que tu accomplisses ta première mission.
Tu vas entrer au service de la famille Elron
en tant que domestique.
Sir Elron organise le commerce clandestin de l'opium à Canton.

Tu dois tout savoir de ce qu'il fait !!



Mon avis : Opium est un one-shot de Laure Garancher dont le récit s'appuie sur une famille chinoise pour nous faire découvrir les deux guerres de l'opium qui ont eu lieu en Chine au XIXe siècle. Le père qui fait parti de l'armée impériale va tout mettre en œuvre pour former au mieux ces deux filles jumelles de 10 ans pour quelle servent l'Empire. Seulement l'une d'entre elles choisira, malgré elle, de devenir espionne au service d'une famille anglaise, l'autre entrera dans un monastère loin de sa famille. Les deux sœurs se retrouveront plus tard autour d'un enfant et d'un britannique...  



L'objet en lui-même est réussi, la couverture est agréable au toucher et les différentes planches sont imprimées sur un papier à l'aspect vieilli. Le dessin quant à lui peut sembler simpliste, les couleurs sont très vives, mais très agréables à regarder. Les différents chapitres permettent de bien comprendre l'histoire avec des analepses et des changements de lieu d'action. Le scénario mêle intrigues historique, familiale et amoureuse, qui nous emporte au pays du soleil levant. 
 

Une BD à découvrir !

Quelques jours d'été

de Christophe Chabouté, paru en 1999, aux Editions Paquet



Résumé : Un petit garçon de la ville confié à des gens de la campagne... Un vieux monsieur taiseux dont l'épaisse carapace craquera pour ce petit bonhomme. Un tournant dans la vie d'un petit garçon. Une histoire simple et intimiste ou même les rivières chuchotent...



Mon avis : Chabouté nous entraîne une fois de plus dans une histoire pleine de poésie et de tendresse. Un petit garçon est laissé chez un couple de personnes âgées à la campagne pendant quelques jours d'été. Pendant cette courte période, le petit garçon va découvrir la simplicité de cette vie et attendrir le couple... 



Encore une belle histoire et de beaux dessins signés Chabouté. Un récit rapide et plein d'émotions !