lundi 30 janvier 2017

Charlotte

de David Foenkinos,
paru en 2014, aux éditions Gallimard 


Résumé : Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : "C'est toute ma vie." Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.

"A quelques mètres de leur banc, il y a la villa Marlier.
Ils admirent le beauté et l'élégance de cette maison. 
Le 20 janvier 1942 se retrouveront ici les hauts dignitaires nazis.
Pour une petite réunion de travail dirigée par Reinhard Heydrich.
Les historiens l'appellent la conférence de Wannsee.
En deux heures seront peaufinés les rouages de le Solution finale.
Les méthodes de liquidation définies.
Voilà, tout est clair maintenant.
On a bien travaillé, messieurs.
Il est temps de se détendre un peu au salon.
Un très bon cognac est servi.
Que l'on déguste avec le sentiment du devoir accompli."

Mon avis :  Ce roman est bouleversant. Nous apprenons grâce au résumé que Charlotte Salomon sera assassinée et cela pèse sur tout le récit. Nous suivons toute la vie de Charlotte de sa naissance jusqu'à sa mort dans un monde devenu fou. Jeune juive originaire de Berlin, elle quitte sa ville natale quelques jours après la Nuit de Cristal en 1938. La peinture va l'aider à s'oxygéner, à penser à autre chose pendant cette période mouvementée sur le plan politique mais aussi sur le plan familial. Elle apprend tardivement les nombreux suicides survenus dans sa famille qui vont faire surgir de nombreuses questions... 
Ce roman est aussi une oeuvre où David Foenkinos parle à la première personne, il s'implique totalement dans le récit et nous explique son but, ses recherches, la fascination qu'il éprouve pour cette artiste. 

"Le suicide est une mort qu'on ne donne pas à l’ennemi !"

Ce roman a obtenu la Prix Goncourt des lycéens et le Prix Renaudot en 2014.

Les heures souterraines

de Delphine de Vigan,
paru en 2009, aux édition JC Lattès


Résumé : Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d'une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Les Heures souterraines est un roman vibrant et magnifique sur les violences invisibles d'un monde privé de douceur, où l'on risque de se perdre, sans aucun bruit.

"Mathilde a pensé que la compassion n'avait lieu qu'au moment où l'on se reconnaissait dans l'autre, au moment où l'on prenait conscience que tout ce qui concernait l'autre pouvait nous arriver, exactement, avec la même violence, la même brutalité. 
Dans cette conscience de ne pas être à l'abri, de pouvoir descendre aussi bas - et seulement là - la compassion pouvait survenir. La compassion n'était rien d'autre qu'une peur pour soi-même."

Mon avis : Delphine de Vigan nous plonge dans une critique des sociétés déshumanisées à travers la quotidien de deux personnages brisés par leur travail et leur entourage. 
Thibault est médecin dans une ville où il côtoie le quotidien de gens seuls en quête d'un peu d'attention, alors qu'il cherche à se remettre lui-même d'un chagrin amoureux qui le consume à petit feu. Mathilde quant à elle se retrouve sans savoir réellement pourquoi souffre douleur de son patron qui va jusqu'à l'ignorer totalement et ne lui confit plus aucune tâche dans son travail. 
Toute l'histoire se passe durant la journée du 20 mai, date à laquelle quelque chose devrait changer dans la vie de Mathilde d'après les dires d'une voyante...

"Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants."

On reste scotché à ce roman pour savoir si Mathilde arrivera à se rebeller, à arrêter ce processus destructeur dans lequel elle plonge inexorablement. 
Ce roman sur le monde de l'entreprise est à découvrir ou à faire découvrir à tous !!! 

Chanson douce

de Leïla Slimani 
paru en 2016, aux éditions Gallimard

Résumé : Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. 

"On lui a toujours dit que les enfants n'étaient qu'un bonheur éphémère, une vision furtive, une impatience. Une éternelle métamorphose. des visages ronds qui s'imprègnent de gravité sans qu'on s'en soit rendu compte."

Mon avis : Ce roman fait l'effet d'une bombe ! Quand on en finit la lecture on est dévasté par la drame, en colère contre les parents qui n'ont pas dit stop à temps, et surtout choqué par cette nounou si parfaite qui va commettre l'irréparable. 
Leïla Slimani traite dès le premier chapitre le dénouement de l'histoire, la suite du texte nous aide (ou non) à essayer de comprendre comment un tel drame a pu arriver. Cette histoire est terriblement fascinante, on se pose beaucoup de questions tout au long du roman et même quand on l'a refermé on se demande toujours "Pourquoi ?" 

"Vous ne devriez pas chercher à tout comprendre. Les enfants, c'est comme les adultes. Il n'y a rien à comprendre."

Leïla Slimani a obtenu le Prix Goncourt en 2016 pour ce roman et lorsqu'on l'a lu (ou dévoré comme ce fût mon cas), on comprend tout à fait pourquoi ! Un véritable choc, un roman qui restera en mémoire longtemps après l'avoir refermé...

Cendrillon

d'après Charles Perrault, illustré par Charlotte Gastaut,
paru en 2009, chez Flammarion, 
collection les Classiques du Père Castor


Résumé : Cendrillon est maltraitée par sa belle-mère et ses deux filles qui lui infligent les tâches les plus pénibles de la maison. Un jour, toutes les demoiselles du pays sont invitées au bal donné par le Prince. Grâce à l'aide de sa marraine la fée, Cendrillon peut s'y rendre à la condition d'être de retour avant minuit. Dans sa fuite, elle perd une chaussure de verre. Le lendemain, le Prince, follement amoureux, fait savoir qu'il épousera celle qui pourra chausser le petit soulier. 

Mon avis : Cette version de Cendrillon s'appuie sur l'histoire de Charles Perrault et non sur la version édulcorée que l'on connaît de Disney. On prend plaisir à redécouvrir cette histoire de princesse. Les dessins de Charlotte Gastaut subliment le texte. Seule Cendrillon est toujours représentée, en couleur, de manière lumineuse et ravissante alors que les deux demi-sœurs et les autres prétendantes du Prince sont représentées en noirs avec quelques bijoux scintillants. La morale de l'histoire est reprise à la fin du texte. Cendrillon fait preuve d'une grande bonté et pardonne tout à ses deux affreuses demi-sœurs.